Londonien pure souche, Roland Joffé est né dans
le district de Kensington le 17 novembre 1945. Il effectue toute sa
scolarité au lycée français de Londres, puis étudie l'anglais et le
théâtre à l'Université de Manchester, dont il sort diplômé en 1968. Il
participe alors avec Frank Dunlop, un acteur-réalisateur peu connu, à
la fondation du Young Vic Theatre, qui lance certains des meilleurs
acteurs britanniques de la nouvelle génération. En 1973, il devient, à
28 ans, le plus jeune metteur en scène du National Theatre de Laurence
Olivier, dont il fonde la première troupe itinérante, le "Mobile".
Entré à la télévision comme simple stagiaire, il fait son apprentissage
sur des émissions d'informations locales avant de réaliser six épisodes
du feuilleton fétiche des téléspectateurs britanniques, "Coronation
Street". Il revient ensuite, pendant un temps, au journalisme où il
avait fait ses premières armes. Il tourne des sujets d'actualités pour
le programme "On the Line" et réalise le documentaire "ANN". Mais la
fiction le rattrape bientôt, et il signe une série de treize épisodes
tirée du best-seller d'A. J. Cronin, "The Stars Look Down". Suivront,
entre autres, une participation à la série "Bill Brand" et trois
prestigieuses séries dramatiques : "The Spongers", "No Mama No" pour la
BBC et "United Kingdom", toutes primées à de nombreuses reprises. Fort
de ses succès télévisuels, Roland Joffé se lance en 1984 dans la
réalisation cinématographique. Il est alors on ne peut mieux inspiré
puisque son premier long métrage, La déchirure, une poignante évocation
du drame cambodgien, devient rapidement un film culte. Le palmarès
parle d'ailleurs de lui-même : trois Oscars, sept British Academy
Awards et une citation aux César... Deux ans plus tard, il renoue avec
le succès (deux Oscars, une Palmes d'or à Cannes, une citation aux
César...) grâce à Mission, avec Jeremy Irons en père jésuite et Robert
De Niro incarnant trafiquant d'esclave cherchant à expier ses fautes à
l'époque des Conquistadores... Comme on n'est jamais mieux servi que
par soi-même, Roland Joffé fonde, en 1987, sa propre société de
production, Lightmotive, basée à Los Angeles. Il peut alors créer
librement. En1989, il dirige Paul Newman, Dwight Schultz et John Cusack
dans Les maîtres de l'ombres, une réflexion sur la fabrication de la
première bombe atomique à Los Alamos et les conflits idéologiques
qu'elle suscita entre militaires et scientifiques. Et puis après le
Cambodge de La déchirure et l'Amérique du Sud de Mission, Joffé choisit
l'Inde et les bas-fonds de Calcutta pour tourner La cité de la joie
avec Patrick Swayze, une adaptation du livre de Dominique Lapierre et
Larry Collins. Suivra Les amants du Nouveau Monde, en 1995, une
adaptation libre de "La lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne, avec
Demi Moore, Gary Oldman et Robert Duvall, avant un changement de
registre radical avec le thriller vénéneux et archi-contemporain
Goodbye lover. Retour aujourd'hui aux costumes et à la méga-production
avec Vatel, qui raconte les derniers jours du cuisinier du Prince de
Condé.