Thierry Lhermitte se familiarise avec le théâtre en
fréquentant sa bande de joyeuse personnes du lycée Pasteur de Neuilly.
Parmi eux, les mêmes qu'aujourd'hui, Michel Blanc, Gérard Jugnot et Christian
Clavier. Pour faire plaisir aux parents, Thierry poursuit des études
d'économie, mais suit aussi des cours d'art dramatique qui vont le
mener, dès sa création, au Théâtre du Splendid, où il retrouve ses amis
d'adolescence qu'il n'a d'ailleurs jamais vraiment quittés. Pendant
sept ans, toute la troupe écrit, monte et joue des spectacles de
café-théâtre qui vont en faire rapidement des gloires montantes de la
scène “off” parisienne. On les voit dans "Ma tête est malade", "Le pot
de terre contre le pot de vin", "Je vais craquer", etc.. Pendant ce
temps, Thierry Lhermitte, comme ses petits camarades, trouve quelques
rôles au cinéma, généralement très secondaires comme dans Les valseuses
ou Que la fête commence, réalisés par Blier et Tavernier, alors
inconditionnels du Splendid. Le succès de la petite structure théâtrale
ne tarde pas à trouver un écho auprès des producteurs de cinéma, qui
proposent à la troupe de transposer leur pièce "Amour, coquillages et
crustacés" sur grand écran, sous le titre Les bronzés. Lhermitte y
reprend son personnage de Popeye, dragueur impénitent qui s'amuse à
compter en kilos les filles avec lesquelles il a couché pendant l'été.
Le succès du film est fulgurant, Thierry Lhermitte d'emblée catalogué
dans le registre “beau gosse”, haute stature, voix de velours et regard
bleu acier aidant. La troupe continue de se suivre dans diverses
comédies plus ou moins réussies, notamment Clara et les chics types
(pour lequel il reçoit le premier prix Jean-Gabin), autour des déboires
d'un orchestre itinérant, et Les hommes préfèrent les grosses, satire
impitoyable sur les canons de beauté inaccessibles. Mais c'est avec Le
père Noël est une ordure que Lhermitte et les autres atteignent leur
apex comique... entonnant, du même coup (si on passe – on ne le fait
pas – sur Papy fait de la résistance) leur chant du cygne. Dans Le père
Noël..., Thierry Lhermitte est Pierre Mortez, employé de SOS Détresse
Amitié sexuellement frustré et qui fantasme en secret sur sa collègue
Thérèse. A partir du début des années 80, Thierry Lhermitte,
physiquement en phase avec les critères de l'époque, varie les plaisirs
en changeant de registre. Il donne dans le polar (Légitime violence, Un
été d'enfer, L'indic), mais son domaine de prédilection reste avant
tout la comédie. Il retrouve Coluche, avec lequel il avait joué
"Ginette Lacaze 1960" au café-théâtre, pour La femme de mon pote, et
Charles Némès, dont il avait été du premier film (Les héros n'ont pas
froid aux oreilles en 1983) pour La fiancée qui venait du froid. Il est
un banquier ultra-chic dans le film américain French lover, de Richard
Marquand, un policier dans La smala, un play-boy qui séduit une
princesse de pacotille dans Le mariage du siècle, et décroche avec le
personnage de François, flic incorruptible – pour très peu de temps –
dans Les ripoux, la clé d'un très grand succès commercial, transformant
l'essai populaire trois ans plus tard avec une suite, Ripoux contre
ripoux, à nouveau signée Claude Zidi. Entre-temps, la pièce dont il
était co-auteur, "Nuit d'ivresse", est adaptée à l'écran, avec lui-même
dans le rôle d'une personnalité de la télévision, et puis il est un
odieux aveugle dans Fucking Fernand, un homosexuel heureux dans La fète
des pères, un ministre ignoble dans Promotion canapé, et il tient le
rôle-titre des Secrets professionnels du docteur Apfelglück. Un film
important dans la carrière de Thierry Lhermitte puisque, s'il signe
l'un des sketches qui composent le film, il en assure aussi la
production, activité qu'il va énormément développer dans les années 90.
En attendant, il partage avec Bud Spencer la vedette d'une
invraisemblable série Z comique, Ange ou démon, puis est traqué par
Nadia Farès dans Elles n'oublient jamais, est un sévère lieutenant
français dans L'honneur de la tribu (tourné en Algérie), l'avocat d'une
petite fille qui accuse son père d'inceste dans L'ombre du doute, puis
écope de la garde d'un enfant turbulent et amazonien dans Un Indien
dans la ville. Réalisé par son vieil ami Hervé Palud, ce dernier film,
qui triomphe en France à l'hiver 1994, est une production Ice3, soit la
propre maison de production du comédien, ce qui lui permet de faire
fructifier son capital et de continuer à produire des films. Lhermitte
monte parallèlement France Cinéma Interactif, qui édite des CD-Rom
relatifs au 7e Art, mais continue aussi de tourner beaucoup, même si
ses rôles sont plus des apparitions (dix secondes à l'écran en médecin
barbu et trucidé dans Le loup-garou de Paris) ou des seconds rôles
(Louis XIV dans Marquise, un député dans Traffic d'influence, un
recteur dans Le prof). Dans le rôle de Pierre Brochant dans "Le dîner de
cons" dans "Deuxième vie", il continue à
être très drôle. En cavale dans les îles polynésiennes dans "Le prince
du Pacifique" (qu'il a co-écrit et produit au sein de Ice3), on a pu le
voir également dans "Bon plan" et "Une île grecque". Encore une production Lhermitte à
ajouter à une liste qui commence à être conséquente. On revoit ensuite
les yeux les plus bleus de France en amoureux d'une donzelle de vingt
ans sa cadette (Claire Keim) dans "Le roman de Lulu", avant d'achever la
comédie de Francis Veber, "Le placard" où il est un cadre grisonnant qui
mène Gérard Depardieu en bateau. Après une apparition dans "La bande du
Drugstore" de François Armanet,
et un passage discret chez Lelouch (And now... Ladies and Gentlemen),
l'acteur plonge dans les méandres "d'Une affaire privée" de Guillaume
Nicloux, privé enquêtant à la recherche d'une jeune femme. Un
contre-emploi tel que Thierry Lhermitte a rarement eu le loisir d’en
incarner. Il revient ensuite avec le plus classique "Effroyables
jardins" Suivront très bientôt les
retrouvailles avec le flic corrompu que l'on connaît dans "Ripoux 3",
toujours réalisé par Claude Zidi, le drame de Giacomo Battiato,
"Entrusted" et la comédie "Qui perd gagne", de Laurent Bénégui avec Elsa
Zylberstein. Mais en attendant on retrouve aujourd’hui l’acteur dans le
rôle d’un père meurtri par son nouveau-né qui n’est autre que la
réincarnation de son pire ennemi (ça à l’air confus mais ça ne l’est
pas tant que ça !) dans "Mauvais esprit" de Patrick Alessandrin.
Filmographie
1974 - Les valseuses (Bertrand Blier)
1974 - Que la fête commence (Bertrand Tavernier)
1978 - Les bronzés (Patrice Leconte)
1979 - Les bronzés font du ski (Patrice Leconte)
1980 - Clara et les chics types (Jacques Monnet)
1981 - Les hommes préfèrent les grosses (Jean-Marie Poiré)
1981 - Elles voit des nains de partout (Jean-Claude Sussfeld)
1981 - L'année prochaine si tout va bien (Jean-Loup Hubert)
1982 - Légitime défense (Serge Leroy)
1982 - Le père noël est une ordure (Jean-Marie Poiré)
1983 - Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré)
1983 - Stella (Laurent Heynemann)
1983 - L'indic (Serge Leroy)
1983 - Un homme à ma taille (Annette Carducci)
1983 - La fiancée qui venait du froid
1983 - La femme de mon pote (Bertrand Blier)
1984 - La smala (Jean-Loup Hubert)
1984 - Les ripoux (Claude Zidi)
1985 - Le mariage du siècle (Philippe Galand)
1986 - Un verano de Infierno
1986 - Un été à Tanger (Alexandre Arcady)
1987 - Fucking Fernand (Gérard Mordillat)
1989 - La fête des pères (Joy Fleury)
1989 - Les 1001 nuits (Philippe De Broca)
1990 - Ripoux contre ripoux (Claude Zidi)
1990 - Un piede in paradiso
1990 - Promotion canapé (Didier Kaminka)
1991 - La totale (Claude Zidi)
1991 - Les secrets professionels du Docteur Apfelgluck (Thierry Lhermitte)
1992 - Le zèbre (Jean Poiret)
1992 - Tango (Patrice Leconte)
1993 - L'ombre du doute (Aline Isserman)
1993 - Fanfan (Alexandre Jardin)
1994 - Seven Sunday
1994 - Elles n'oublient jamais (Christopher Frank)
1994 - Grosse fatigue (Michel Blanc)
1994 - La vengeance d'une blonde
1994 - Un indien dans la ville (Hervé Palud)
1995 - Augustin
1995 - Ma femme me quitte
1996 - Fallait pas (Gérard Jugnot)
1997 - Marquise (Véra Belmont)
1997 - Les soeurs Soleil
1997 - 4 garçons plein d'avenir (Jean-Paul Lilienfeld)
1998 - Le loup garou de Paris
1998 - Le diner de cons (Francis Veber)
1999 - Beurgarou (Smain)
1999 - Trafic d'influence (Dominique Farrugia)
1999 - C'est pas ma faute (Jacques Monnet)
1999 - Le plus beau pays du monde (Marcel Bluval)
1999 - Le Prof (Alexandre Jardin)
2000 - Le prince du Pacifique (Alain Corneau)
2000 - Deuxième Vie (Patrick Braoudé)
2000 - Le Roman de Lulu (Pierre-Olivier Scotto)
2000 - Le Placard (Francis Veber)
2001 - Bon Plan (Jérôme Lévy)
2001 - La Bande du drugstore (François Armanet)
2001 - And now... Ladies and Gentlemen (Claude Lelouch)
2001 - Une affaire privée (Guillaume Nicloux)
2002 - Snowboarder (Olias Barco)
2002 - La bande du Drugstore (Armanet)
2002 - Le Divorce (James Ivory)
2002 - Effroyables jardins (Jean Becker)
2003 - Mauvais esprit (Patrick Alessandrin)
2003 - Super ripoux (Claude Zidi)
2003 - Un rêve américain (Eddy Mitchell)
2003 - Entrusted (Battiato)
2004 - Qui perd gagne (Bénégui)
2004 - Au secours, j'ai 30 ans ! (Marie-Anne Chazel)
2004 - L'Américain (Patrick Timsit)
2005 - L'Ex femme de ma vie (Josiane Balasko)
2005 - L'Antidote (Vincent de Brus)
2005 - Foon (Benoît Pétré)
2006 - Les Bronzés 3 amis pour la vie (Patrice Leconte)
2006 - Incontrôlable (Raffy Shart)
2006 - Comme tout le monde (Pierre-Paul Renders)
2007 - 13 m2 (Barthélémy Grossmann)
2007 - L'Invité (Laurent Bouhnik)
2007 - La Clef (Guillaume Nicloux)
2008 - Ca se soigne? (Laurent Chouchan)
2008 - Notre Univers impitoyable (Léa Fazer)
2008 - Nothing Sacred - (Prochainement) de (Dylan Bank)
2008 - Starfuckers - (Prochainement ) de (Julien War)